Une thérapie d’oxygénothérapie hyperbare améliore les fonctions neurocognitives et les symptômes de l’état post-COVID : essai contrôlé randomisé

Titre original : Hyperbaric oxygen therapy improves neurocognitive functions and symptoms of post‑COVID condition: randomized controlled trial

10.1038/s41598-022-15565-0
Date de publication : juillet 2022
Journal : Nature scientific reports

Auteurs : Shani Zilberman-Itskovich, Merav Catalogna, Efrat Sasson, Karin Elman-Shina, Amir Hadanny, Erez Lang, Shachar Finci, Nir Polak, Gregory Fishlev, Calanit Korin, Ran Shorer, Yoav Parag, Marina Sova, Shai Efrati

Affiliation des auteurs : Israel, Zerifin (Shamir Medical Center) et Tel-Aviv (Sackler School of Medicine/Neuroscience)

Méthode :

Essai randomisé, en double aveugle, avec un groupe contrôle sham (i.e. "placebo actif") placé dans une chambre hyperbare dans des conditions laissant croire à la mise en place de la surpression.

Réalisé sur des patients post-COVID-19 présentant des symptômes COVID-long similaire à l'EM/SFC (fatigue, douleur, symptômes neurocognitifs/psychiatriques, réduction de l'activité quotidienne, malaise post-effort) :

  • 36 patients dans le groupe soumis à la thérapie d'oxygénothérapie hyperbare (HBOT)
  • 36 patients dans le groupe contrôle

Aucune différence statistique entre les deux groupes au début de l'étude.

Méthode :

40 séances (HBOT ou fictives, selon le groupe) par patients,
à raison de 5 séances par semaines pendant 2 mois.

Évaluations de suivi (questionnaires + imagerie cérébrale IRM) au début de l'étude, puis 1 à 3 semaines après la dernière séance.

Résultats :

Via HBOT, amélioration significative (au-delà de la récupération clinique attendue de l'état post-COVID-19) sur :

  • les fonctions dysexécutives,
  • les symptômes psychiatriques (via échelles de détresse psychologique),
  • les symptômes d'interférence de la douleur,
  • la fatigue.

Ces changements sont associés à :

  • une augmentation du débit sanguin cérébral,
  • des modifications de la micro-structure cérébrale dans les régions frontales, pariétales et limbiques.

Discussion :

Précédemment observé et publié :

  • Corrélation fibromyalgie ↔ diminution de la perfusion cérébrale dans l'insula, l'hippocampe, le putamen, le cortex préfrontal et le cortex cingulaire.

Dans la présente étude :
La perfusion de ces régions a augmenté après HBOT.

Discussion :

Précédemment observé et publié :

  • HBOT induit neuroplasticité ➡ amélioration de fonctions cérébrales plusieurs mois et années après une lésion aigüe.
    Observations de l'effet HBOT sur tissus cérébraux lésés : des fluctuations répétées de la pression et des concentrations d'oxygène induisent l'expression de gènes et de voies métaboliques impliqués dans la régulation du système immunitaire, de l'angiogenèse, de la fonction mitochondriale et dans la neurogenèse.

Dans la présente étude :
Cohérence entre l'état de l'art et les observations de l'étude.

Discussion :

Précédemment observé et publié :

  • Corrélation hypométabolisme dans le lobe frontal ↔ fatigue chez les patients atteints du COVID-19.

Dans la présente étude :
Les modifications de la micro-structure cérébrale dans le lobe frontal induites par HBOT (via mesure de la diffusivité moyenne) sont associées à une amélioration de la fatigue en comparaison au groupe contrôle.

Forces et limites/perspectives de cette étude :

Forces :

  • Protocole avec contrôle "placebo actif", en randomisation en double aveugle.

Limites / perspectives :

  • Observations de l'effet long terme du traitement par HBOT : manuscrit en préparation sur l'analyse des données de suivi sur 1 an.
  • Augmenter la taille de l'échantillon afin de :
    • peut-être identifier des sous-groupes de patients bénéficiant plus ou moins de ce traitement ;
    • estimer le nombre optimal de sessions pour obtenir un effet thérapeutique maximal (en testant différents nombres de sessions).

Conclusion :

HBOT peut améliorer les fonctions dysexécutives, la détresse psychologique, les symptômes d'interférence de la douleur et la fatigue des patients souffrant de l'état post-COVID-19.

L'effet bénéfique peut être attribué à l'augmentation de la perfusion cérébrale et à la neuroplasticité dans les régions associées aux fonctions cognitives et émotionnelles.

Des études complémentaires sont nécessaires pour optimiser la sélection des patients et le protocole, ainsi que pour évaluer les résultats à long-terme.